Elizabeth Kubler- Ross.
Prendre le temps de bien guérir
Monsieur Jean Monbourquette, prêtre, psychologue, a animé plusieurs groupes d'entraide pour personnes en deuil et, s'adressant aux survivants, il écrit ceci dans son livre Aimer, perdre et grandir :
"Dans ce monde de l'instantané, tu aimerais sortir rapidement de ton malaise intérieur. Je comprends.
Le processus de la guérison de ton état émotionnel doit suivre son cours. Plus la perte est grande, plus tu dois te donner le temps de guérir et de récupérer. Paye-toi ce luxe; tu le mérites.
N'essaie pas de brûler les étapes.
La guérison complète va venir. C'est déjà commencé à l'heure actuelle.
Tu as eu le courage d'aimer: une nouvelle aventure s'offre à toi, celle de guérir d'une blessure d'amour pour grandir et apprendre à t'approfondir.
C'est précieux, donne-toi le temps nécessaire" .
Dans ce monde de l'instantané, dit Monsieur Monbourquette. Voilà, selon moi, une plaie qui, sournoisement, infecte nos vies et cause beaucoup de souffrance.
Tout va tellement vite, personne n'a plus le temps! Plus le temps de parler, plus le temps de se questionner, plus le temps de s'arrêter pour s'assurer que nous allons dans la bonne direction, plus le temps de pleurer, de vivre sa peine, plus le temps de prendre le temps. Juste le temps de courir, courir, courir!
À la mort d'un être cher, nous nous demandons souvent : Y a-t-il une vie après la mort? Un jour, je ne me rappelle pas où ni qui l'a dit, mais j'ai entendu un autre type de question : Y a-t-il une vie avant la mort?
Je crois que s'il y a quelque chose de positif à retirer de la perte d'un être cher, c'est le cadeau que cette personne nous laisse par son départ : La possibilité de se brancher sur des valeurs plus fondamentales de la vie.
Nous souffrons trop souvent d'un étourdissement collectif qui nous éloigne de ce qui nous est pourtant Essentiel. Lorsque la mort frappe un proche, cet Essentiel tend à refaire surface, comme pour nous inciter à un nouveau départ, à une vie plus "connectée" sur des valeurs plus profondes et davantage source de paix intérieure, de satisfaction, de bonheur.
Avez-vous déjà lu l'histoire de quelqu'un, ou peut-être connaissez-vous ou êtes-vous quelqu'un qui a déjà frôlé la mort? Le sens des valeurs de ces gens change presque toujours suite à une expérience aussi intense. Les petits plaisirs que nous prenons pour acquis deviennent pour eux, sources de grandes joies. Une belle journée ensoleillée, une sourire, le chant d'un oiseau. Dites-moi qui risque d'être plus heureux, celui qui, pour être heureux, s'exige à lui-même d'obtenir un poste important, une grosse maison, une BMW de l'année, ou celui pour qui un simple sourire suffit? Ne trouvez-vous pas que nous nous compliquions souvent la vie, que nos critères pour être heureux sont tellement nombreux que nous nous programmons, plus souvent qu'autrement, pour être déçus, frustrés ou malheureux?
Donner un sens à la mort de l'être cher. Voilà comment plusieurs survivants arrivent à reprendre goût à la vie. Certains nomment une fondation au nom de l'être aimé et perdu, d'autres se battent pour une cause qui lui tenait à cœur, écrivent un livre en sa mémoire, etc.. Vous n'avez pas l'intérêt ou les ressources pour ce genre de projets? Vous pouvez tout de même grandir malgré votre perte. Y a-t-il plus bel hommage que d'améliorer sa vie grâce à ce que la personne décédée nous lègue comme héritage spirituel, émotionnel? Personnellement, je crois que ce qui me rendrait le plus heureux au monde lorsque je serai mort, c'est de voir que ce que j'ai tenté d'être comme modèle (avec mes qualités et mes défauts) aura pu aider des gens, et particulièrement mes proches, à vivre une vie plus enrichissante. Ainsi, j'aurais le sentiment que ce que j'ai partagé avec eux leur aura été bénéfique et donc, que ma vie n'aura pas été vaine, mon passage sur cette terre significatif.
Voici donc quelques pistes intéressantes pour rendre hommage à la personne qui nous a quitté :
Monsieur Monbourquette nous propose de faire "le bilan des qualités de la personne disparue" Ces qualités dit-il, si on les cherchait dans l'autre, c'est que nous les possédions en nous-mêmes également. Maintenant, continue-t-il, elles nous appartiennent.
Une certaine douceur
Une façon de s'affirmer
Une manière de prendre soin de soi
Monsieur Monbourquette écrit :
Le départ de la personne chère renferme en elle la possibilité :
De mieux nous connaître.
De mieux saisir la souffrance des autres.
De s'ouvrir à de nouveaux horizons.
De se savoir moins parfaits.
De permettre aux autres d'être moins parfaits.
De découvrir les sentiers de la guérison.
Voilà autant de façons de rendre hommage à l'être aimé qui nous a quitté.
Se pardonner
Se pardonner, voilà également une étape faisant souvent partie du processus de deuil. Se pardonner de quoi? Encore une fois tiré d'un autre livre de Monsieur Monbourquette (Comment pardonner), je vous laisse avec ce dernier message en souhaitant que quelque chose, quelque part à l'intérieur de cet article ait pu vous rejoindre et susciter une réflexion, une lueur, un réconfort, une énergie, peu importe.
Monsieur Monbourquette écrit :
Je me pardonne de rechercher l’inaccessible étoile,
D’être fragile, d’avoir honte de ma douleur,
De m’accuser dans mon malheur,
D’entretenir le désir d’une perfection inaccessible,
De m’être fait complice de mon persécuteur,
De m’être mis en dehors de mon cœur,
D’avoir ruminé des accusations blessantes à mon égard,
De n’avoir pas été capable de tout prévoir,
De me haïr sans compassion,
De me sentir impuissant à accorder le pardon aux autres.
Bref, je veux me pardonner d’être humain.